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Hommes/Femmes, sommes-nous égaux devant nos chats ?

Malgré la force des discours égalitaristes, la recherche actuelle tend à montrer qu’il existe un ensemble d’éléments neurobiologiques, physiques, cognitifs, comportementaux et affectifs qui fondent la différence entre hommes et femmes. Il serait donc logique que cette différence se prolonge vis à vis d’un animal dont l’un et l’autre partage l’affection…mais à quels point ? Et à quel niveau ?

 

Dans les faits…

Saviez-vous que les femmes sont généralement celles qui sont à l’origine de l’introduction des chats dans la maison ? Lorsque ce ne sont pas les enfants du foyer qui insistent auprès des parents pour adopter un chat, ce sont les femmes du foyer qui s’en chargent 9 fois sur 10. D’ailleurs, les femmes vivant seule qui partagent leur quotidien avec un chat sont légion, alors que les hommes célibataires sont plus rarement accompagnés d’un matou.

Et les publicitaires ne s’y sont pas trompés : La cible privilégiée est la femme (dans 40 % des cas en cible unique contre 15 % pour les hommes) et dans 32 % des publicités, le chat est accompagné d’une femme (contre 6 % seulement d’un homme).

De toute façon, le chat est utilisé dans la publicité pour sont pouvoir évocateur de symbole :

Pour vanter des lessives par exemple, où il sera symbole de propreté ; Sa douce fourrure lui permet de promouvoir des laines ou des collant sur les jambes de femmes. Son rôle de protecteur ou gardien du foyer lui vaux d’être utilisé pour vanter des produits électroménagers…dont la cible principale, on le sait, est généralement la femme.

 

S’occuper du chat

Une fois que le chat est introduit dans la maison, les tâches ne sont pourtant pas réparties de la même façon selon les sexes. En effet, une récente étude sociologique a permis de mettre en lumière un certain nombre de pratiques et de représentations vis à vis du chat de la maison qui prouvent que les hommes et les femmes sont différents avec leur chat.

Pour tout ce qui concerne les soins physiques (nettoyer la litière ou les gamelles, amener le chat chez le vétérinaire pour les visites de routine, couper les griffes, nettoyer les bêtises etc.), c’est la femme qui s’y colle. Les hommes consentent le plus souvent à se charger de l’achat de la nourriture (s’il font les courses) et de la distribution de nourriture. Ils sont d’ailleurs souvent soucieux de la ligne de leur chat et veillent à ce que celui-ci ne prenne pas trop de poids. Paradoxalement, l’hygiène préoccupe beaucoup la gente masculine. C’est l’argument premier pour refuser la venue d’un chat dans la maison (« il faut nettoyer sa litière ! », « il va abîmer notre canapé !», « il risque de salir notre lit ! »). Si cela les inquiète, ça ne suffit pourtant pas à ce qu’ils s’occupent eux-mêmes de cet aspect des choses. D’accord pour avoir un chat, mais c’est madame qui nettoie et qui s’en occupe !

Comme toujours, il y a évidemment des hommes très soucieux du bien être physique de leur chat qui n’hésitent pas à mettre la main à la patte et qui sont véritable fée du logis pour leur minou.

 

La place du chat

Là non plus, hommes et femmes ne sont pas tout à fait d’accord. Si les femmes autorisent (ou s’autorisent ?) le chat à venir dormir dans la chambre ou même sur le lit, ce n’est pas toujours du goût de leur compagnon. Alors on s’arrange, on trouve un compromis : minet dort dans la chambre, mais pas sur le lit, ou alors, il dort sur le lit, mais à nos pied, pas plus haut…et pour peu que monsieur s’absente une matinée ou une nuit, et le chat se charge de chauffer la place auprès de madame jusqu’à son retour.

A l’inverse, la venue du chat sur le canapé indiffère bien plus aux hommes qu’aux femmes, qui voient là avec horreur les poils laissés par le chat et qu’il faudra nettoyer, brosser etc. ce dont elles sont en charge bien évidemment.

 

L’éducation

Un gros point de divergence encore une fois : loin d’être un simple cliché, il existe de grandes disparités entre les deux sexes en ce qui concerne les règles d’éducation et les méthodes employées.

S’il arrive aux femmes d’être plus sévères que les hommes concernant leur chat, c’est parce qu’elle sont bien plus concernées par le sujet. Lorsqu’on leur demande d’énumérer ce que le chat n’a pas le droit de faire à la maison, elle peuvent lister sans problème un grand nombre d’interdits, alors que les hommes n’en connaissent qu’un ou deux ou disent tout juste « il n’y a pas grand chose qui lui soit interdit ».

Le schéma le plus fréquent reste celui du maître autoritaire et sévère, et de la maîtresse douce et clémente vis à vis du chat. Même s’ils punissent ou grondent leur minou, monsieur hésitera moins a taper le chat, lui crier dessus ou lui donner des coups de torchons. Madame sera plus encline à le « gronder », ou à lui donner « la fessée », mais le plus rarement possible.

Pour résumer grossièrement, les hommes sont plus brusques, mais ils se fâchent moins souvent, les femmes punissent plus souvent, mais moins fort.

Les représentations

Un chat a beau être un chat, on y voit ce que l’on veut y voir, et on fait de lui ce qu’il nous plait. Voilà ce qui explique qu’hommes et femmes ne perçoivent pas à l’identique leur animal de compagnie. L’amour ou l’affection que monsieur et madame ressentent pour leur chat peuvent être d’une égale intensité, mais cela ne s’exprimera pas de la même façon. L’étude sociologique menée en 2003 a permis de montrer que les femmes ont une très nette tendance à considérer le chat comme un enfant (voire « leur » enfant, « leur bébé »), qu’il faut materner, dorloter, éduquer etc. Elle se sentent très responsable de leur bien-être, et n’hésitent pas à consulter lorsqu’il va mal (90 % de ma clientèle est féminine !). Les hommes perçoivent plus le chat de la maison comme un camarade, voire comme un membre de la famille, mais généralement pas comme « l’enfant de la famille ». Ils gardent en permanence à l’esprit que le chat est un animal, ce qui met une distance naturelle physique et émotionnelle entre eux et le chat. Dans certaines tribus d’Amazonie, les femmes allaitent les jeunes animaux domestiques. Les hommes sont plus souvent dévoués à la chasse…

Cependant, il est une chose qui est assez frappante : lorsque les hommes se mettent vraiment aimer les chats, ils sont très fusionnels avec eux, un peu à l’image d’amants parfaits, ou de père idéaux. Souvenons-nous, Verlaine (« Elle jouait avec sa chatte, et c’était merveille de voir la main blanche et la blanche patte s’ébattre dans l’ombre du soir … »), Baudelaire (« Viens mon beau chat, sur mon cœur amoureux… ») ou Apollinaire (« Je souhaite dans ma maison une femme ayant sa raison, un chat passant parmi les livres, sans lesquels je ne peux vivre »).

 

Et les chats alors ?

Si les humains marquent des différences, pourquoi les chats et les chattes seraient parfaitement identiques ?

Il y a eu peu de recherches sur le sujet, mais une étude préliminaire que j’ai mené sur un petit nombre de chats et chattes stérilisées confrontées à des inconnus a mis en évidence des différences importantes entre les deux sexes.

En fait, les chattes se montreraient plus réservées et plus prudentes que les mâles lorsqu’elles découvrent des lieux ou des nouvelles personnes. Cette prudence ne les empêche pas d’établir leur foyer toujours à proximité des habitations humaines. Il est fort probable que ce soit les chattes qui soient à l’origine de la domestication de l’espèce, car elles ont tendance à mettre bas et à élever leur portée dans des lieux où la nourriture ne manque pas (et que les humains distribuent ou amène malgré eux via les rats avec les réserves de nourriture). Elles recherchent pour elles-mêmes et leur progéniture chaleur et sécurité, que l’humain apporte avec plaisir en l’échange de quelques caresses.

Par contre, les chats mâles semblent tout aussi câlins et affectueux que les femelles, et semblent être moins souvent peureux.

 

Loin de vouloir entretenir les clichés et autre lieux communs, il est indéniable qu’hommes et femmes sont différents, et se comportent différemment avec leur chat, et cette différence, cette diversité est une grande source de richesse, tant pour l’humain, que pour l’animal.

 

Florence d'Ivernois, éthologue et comportementaliste pour chat