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Les comportements de reproduction chez le chat

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Très différente de la nôtre, la reproduction chez le chat est à l’origine de beaucoup de croyances erronées et d’us et coutumes dépassés que l’on doit combattre pour éviter la surpopulation et la suppression cruelle des chatons indésirés. Gwendoline LE PEUTREC-REDON, comportementaliste spécialiste des relations Homme/Chat, nous éclaire sur la situation.

La puberté

Elle peut être extrêmement précoce chez le chat puisque les femelles peuvent avoir des chaleurs dès 4/5 mois et les mâles être aptes à reproduire dès 6 mois. Il y a une grande disparité selon les individus et les races mais ce qu’il faut retenir c’est que les chaleurs surviendront en fonction de la période à laquelle la femelle est née.

 En effet, les chaleurs sont déclenchées par l’intensité et la durée grandissante de la lumière ce qui correspond généralement à l’arrivée du printemps. Ainsi, une femelle née au mois de septembre/octobre pourra avoir ses premières chaleurs en février/mars (4/5 mois) tandis qu’une femelle née en avril/mai ne pourra avoir ses chaleurs qu’en février/mars de l’année suivante (10/11 mois). Pour les chattes vivant en intérieur ce cycle naturel est chamboulé par la lumière de synthèse de nos habitats qui fonctionne en permanence et ces dernières sont donc susceptibles d’avoir leurs chaleurs à n’importe quel moment.

Attention donc aux minettes qui sortent, même jeunes, ou celles qui vivent à un chat non castré car les gestations sont au rendez-vous… Les femelles ne peuvent se reproduire que pendant cette période de chaleurs tandis que les mâles sont aptes à tout moment de l’année dès que la puberté débute.

Comment ça marche ?

Pour reconnaître une femelle en chaleurs, les miaulements et roucoulements incessants sont très reconnaissables mais, et surtout, ils sont accompagnés de frottements sur les meubles et personnes pour déposer des phéromones indiquant la disponibilité sexuelle et une position « fesses en l’air », queue sur le côté et reins creusés appelée lordose.

En période de reproduction dont le pic est entre mai et août, les mâles vagabondent sur leur territoire et ceux adjacents en miaulant pour appeler la femelle. Si deux mâles se rencontrent c’est la bagarre quasi assurée qui peut d’ailleurs être extrêmement blessante et mutilante. Vérifier vos matous, même castrés, s’ils ont l’air de s’être battus afin de repérer d’éventuels abcès.

Les accouplements chez les chats sont précédés d’une approche plus ou moins lente du mâle vers la femelle, avec des vocalises généralement puis le mâle attrape la femelle avec ses dents par le cou, l’immobilise avec ses pattes arrières et ce pouvant durer de quelques minutes à quelques secondes. Le coït en tant que tel est très rapide et il est conclu par un miaulement/cri de « douleur » de la femelle provoqué par le frottement des picots érectiles placés sur le pénis du mâle. Cette étape a pour but de déclencher l’ovulation dans les 24 heures qui suivent grâce à l’hormone Luteinisante.

Et oui, contrairement à l’humain, l’ovulation n’est pas spontanée et mensuelle mais sera déclenchée uniquement par l’accouplement. Et chaque coït déclenchera une nouvelle ovulation d’un ou plusieurs ovules : ceci explique pourquoi chez les chats, il peut y avoir autant de pères que de saillies !

Des chatons par milliers…

Plusieurs pères sur une seule portée donc pleins de couleurs possibles et parfois désopilantes : la mère est noire et elle a des petits roux, bleus, gris, avec des tâches blanches… Cela a un fort intérêt dans la reproduction de l’espèce grâce au brassage génétique que cela engendre.

Oui mais, une chatte peut avoir jusqu’à 4 portées par an d’environ 4 chatons de moyennes ce qui nous donne 16 chatons à l’année. Sur les 16, imaginons qu’il y ait 8 femelles ayant elles-mêmes 4 portées l’année qui suit : 128 chatons de plus. Encore la moitié de femelles et l’année suivante : 1024 chatons naîtront…

D’un seul coup, nous pouvons aisément comprendre qu’il s’agit presque d’un devoir moral que de stériliser (femelle) ou castrer (mâle) son chat lorsque celui-ci n’est pas destiné à la reproduction. Il faut bien avoir en tête que des chatons à la maison c’est pour 3 mois minimum : avant, le chaton ne sera pas sevré. Rappel, il ne faut pas confondre le sevrage alimentaire qui intervient au 1 mois du chaton avec le sevrage affectif et éducatif qui ne sera complet qu’à 3 mois minimum. Avant, les problèmes de comportement seront fréquents notamment à cause d’une gestion émotionnelle faible et des capacités d’adaptation fragiles.

Ensuite, il faut trouver une famille responsable qui n’adoptera pas ces petits êtres choyés aux premières vacances ou aux moindres difficultés car un chat et vivre avec cela s’apprend. L’élevage des félins est un vrai métier, qu’il faut connaître et faire en toute responsabilité pour l’amour du chat et de la race choisie. Cela dit, les particuliers peuvent avoir envie d’avoir une portée pour diverses raisons, dans ce cas, il faut savoir déjà combien et penser à stériliser la femelle rapidement après la mise-bas car les retours de chaleurs peuvent être fulgurants : une femelle peut se retrouver à nouveau gestante alors qu’elle allaite encore ses derniers bébés.

Chatons non désirés ?

Puis, il y a ceux qui se retrouvent avec une portée non désirée alors même qu’ils n’ont pas fait stériliser leur femelle… Sachez que s’il s’avère être un accident et que la gestation est en cours, vous pouvez interrompre celle-ci en faisant stériliser la femelle par votre vétérinaire.

Sinon, voilà les personnes avec 4, 5 (ou plus) chatons dont ils ne veulent pas à ne savent pas quoi faire. Il est important d’évoquer ce point sensible qu’est la suppression, le plus souvent cruelle, de ces bébés en question. Certaines personnes les noient, ce qui est très long et les chatons agonisent dans de grandes souffrances, d’autres les jettent contre les murs ou les tapent avec une pelle pour leur fracasser le crâne mais il y aussi la sacro-sainte idée reçue de l’éther qui endort sans souffrance… L’éther est un solvant très toxique qui brûle les poumons ainsi les chatons que l’on enferment dans un sac avec de l’éther ont une agonie très longue et dans d’atroces souffrances !

Que faire alors ? Deux solutions s’offrent à vous : vous prenez la responsabilité de cette portée et chercher à placer les chatons à l’aide de petites annonces, en prenant contact avec des associations notamment la SPA ou les refuges qui vous aideront à diffuser la disponibilité des bébés. Sinon, vous pouvez déposer le plus rapidement possible les chatons chez un vétérinaire qui, consciencieusement et professionnellement, acceptera très certainement d’euthanasier les petits dans les meilleures conditions. Et bien évidemment, faites stériliser votre femelle après pour éviter à nouveau cette déconvenue.

Castration/Stérilisation : intérêts

La castration et la stérilisation peut être effectuée, même très tôt si les vétérinaires en ont l’habitude, afin de prévenir les reproductions indésirées mais est-ce là le seul intérêt ? Bien sûr que non : laisser un animal « entier » sans que celui-ci puisse se reproduire comme il aura pu le faire dans la nature est à considérer comme une maltraitance invisible. Soumis aux hormones et aux comportements qui en découlent, la frustration est au rendez-vous et chez le chat celle-ci peut s’exprimer de différentes façons : exacerbation des marquages urinaires, griffades du mobilier, conduites agressives de libération des tensions, bagarres entre congénères…

Laissons de côté l’anthropomorphisme qui consiste à être triste pour la femelle qui n’aurait jamais la joie d’être maman ou le mâle à qui on enlève ses attributs masculins ! Ce sont des considérations d’humains et des projections inaccessibles aux animaux dans leur fonctionnement cognitif. La reproduction est instinctive et guidée par les processus physiologiques, n’ayez crainte, vous ne ferez que rendre service à votre chat et le soulager en même temps que vous contribuerez grandement à l’amélioration du relationnel entre vous.

La castration : opération simple et rapide, elle consiste en l’ablation des testicules du chat mâle. Vous récupérerez votre chat le jour même avec peut-être des antibiotiques pour prévenir une éventuelle infection.

La stérilisation partielle : l’ovariectomie, consiste en l’ablation des ovaires. Elle supprime les chaleurs mais il faut savoir que les hormones sexuelles sont sécrétées aussi par l’utérus ainsi elle sera moins complète et n’éliminerait pas les risques de tumeur utérine. Des antibiotiques peuvent être prescrits pour prévenir une éventuelle infection.

La stérilisation totale : l’ovario-hystérectomie, consiste en l’ablation des ovaires et de l’utérus. Cette opération est complète et supprime tous risques de tumeur utérine et ovarienne. Des antibiotiques peuvent être prescrits pour prévenir une éventuelle infection.

Enfin, et pour les personnes qui souhaiteraient faire stériliser/castrer leur chat mais qui n’auraient pas les moyens, sachez qu’il existe plusieurs solutions En effet, vous pouvez emmener votre chat dans les écoles vétérinaires où le tarif est réduit ou prendre contact avec des associations ou refuges qui peuvent avoir des tarifs vraiment bas. Vous pouvez également faire un regroupement de plusieurs personnes (entourage, voisins, annonces, forums) et contacter un vétérinaire qui vous fera bien volontiers un tarif dégressif en fonction du nombre de chats, c’est une alternative très intéressante.

 

 Gwendoline LE PEUTREC-REDON